Tous les deux ans, les organisateurs du Napoli Aquatica profitent de l’attrait du championnat du monde des discus pour organiser le World Discus Congress.
Ce congrès rassemble les professionnels, les présidents de club, les auteurs ou experts afin d’échanger leurs compétences et leurs points de vue sur le hobby du discus à travers le monde.
L’objectif est ici de débattre sur la situation et les progrès qui pourraient être apportés à l’univers du discus et ses concours.
Cette année, Carmelo Arico (Italie) président du jury du championnat du monde, Jeffrey Tan (Malaisie) et Cüneyt Birol (Turquie) ont voulu aborder quatre grands thèmes que je vous propose de découvrir ici.
Ce n’est pas moins de douze nations qui s’étaient réunies afin de débattre. Ainsi, étaient présent des personnalités du Japon, de Malaisie, de Taïwan, de Turquie, d’Allemagne, d’Italie, d’Autriche, d’Espagne, de Grèce, d’Angleterre, d’Indonésie et de France 😉
Les sujets abordés furent très intéressants et ces instants privilégiés un vrai plaisir.
Je remercie encore les organisateurs de m’avoir invité à prendre part aux discussions.
L’invitation des organisateurs du NaQ 2015
Les quatre thèmes étaient dédiés aux discus sauvages dans les concours, à la catégorisation des discus en compétition, au système d’évaluation utilisé en concours et la World Discus Federation.
Vous trouverez ici un résumé des quelques heures de discussions ainsi que mes avis. Ne pouvant pas tout résumer, je vous invite à intervenir à la fin de cette page (Commentaires) qui restera ouverte à ceux qui le souhaitent.
Les discus sauvages en compétition
Depuis quelques temps déjà, le jugement des discus sauvages soulève de nombreux débats et contestations après que les podiums soient attribués. Ainsi, qu’il s’agisse des concours d’Athènes (Grèce), de Paris (France) ou d’ailleurs ; il a circulé des commentaires parfois assez « virulent » sur les forums ou réseaux sociaux…
Il convenait alors d’aborder ce sujet d’une façon constructive et non « destructrice » en revenant sur les diverses situations rencontrées.
Un des gagnants à Paris 2015 qui aura fait débats
Il y avait parmi les participants de fervent amoureux de discus sauvages. Leurs positions étaient intéressantes à écouter.
Manfred Göbel (Allemagne) aura d’ailleurs commencé le débat en accentuant sur le fait qu’il fallait donner plus d’importance aux amateurs qui n’ont pas d’intérêts économiques en jeu lorsqu’il s’agit d’évoquer et statuer sur les discus sauvages en concours. Qu’il va de la responsabilité des organisateurs de concours de s’adapter aux particularités que nécessite le jugement des discus sauvages.
Je dois dire que je suis plutôt en accord avec ceci, mais l’on ne peut pas à mon sens écarter les professionnels exportateurs ou importateurs d’un processus de réflexion. A la condition bien sûr que ceux-ci acceptent de mettre de côté tout aspect économique.
De nombreuses questions…
Plusieurs points de blocage ont été signalés durant ce World Discus Congress 2015 :
Tout d’abord, il convenait d’être d’accord avec la définition d’un discus sauvage, doit on accepter uniquement en concours les sauvages ? les F1, les F2 ?
Doit-on prendre des dispositions particulières dans l’agencement des aquariums de compétitions de discus sauvages ?
Les discus sauvages doivent ils être jugé avec un système d’évaluation identique aux discus de forme d’élevage ?
Quels peuvent être les leviers qui pourraient inciter les gens à inscrire leurs discus sauvages ?
Comment pallier au problème d’expérience de certains juges dans ce domaine ?
Comme vous le voyez, les problématiques sont nombreuses…
Douze pays réunis pour débattre
En ce qui concerne les inscriptions de poissons issus du milieu sauvage et/ou leurs descendants ; on peut dans un premier temps légitimement se poser la question de la déontologie puisque faire participer des poissons à une manifestation stresse beaucoup les animaux. Qui plus est lorsqu’ils sont issus du milieu sauvage.
Mais une majorité de personnes pensent toutefois que ces animaux nous permettent de garder le lien avec nos racines ; car ces poissons représentent une partie de l’histoire de l’élevage du discus.
Sur la question de mélanger les sauvages avec les F1 ou F2 etc. Manfred Göbel soulignait à juste titre que cet élément était impossible à contrôler… Alors l’intérêt d’interdire ou non les « issus de sauvage » lui semblait finalement peu important.
Si un participant voulait contourner un règlement orienté en faveur des discus sauvages en inscrivant des F1 ou F2, personne ne pourrait le mettre en cause de façon formelle… (Faute de preuves)
Manfred Göbel Allemagne à gauche et Hiroshi Irie Japon (Champion du monde 98) à gauche avec sa traductrice
Pour ma part, je pense aussi qu’une fois que l’homme intervient, (Alimentation, sélection pour reproduction etc.) il modifie quoi qu’il arrive l’aspect de ces individus.
Ou se situe donc la limite à ne pas franchir ?
Écoutons les avis des uns et des autres, mais ne tombons pas dans l’extrémisme…
Vers de nouveaux agencements ?
Au niveau de l’agencement des aquariums de concours pour les discus sauvages, il me semble que certaines améliorations peuvent être facilement apportées. Les pistes évoquées lors du World Discus Congress 2015 me paraissent intéressantes.
Comme nous le savons, ces poissons demandent une attention particulière pour qu’ils expriment toute leur beauté.
Jeffrey Tan évoquait la possibilité de placer du sable sur le fond des aquariums, et proposer de l’eau ambrée pour ces discus, avec pourquoi pas des dimensions d’aquariums différentes.
Aquariums des discus sauvages à Duisburg
Je ne sais pas si le sable serait une nécessité, mais porter une attention à la couleur de fond des aquariums (Qui pourraient être beige clair ?) me parait être déjà une bonne réflexion.
Que proposent actuellement les organisateurs de concours à ce niveau?
Quant à l’eau ambrée, je trouve cette proposition très intéressante. Pourquoi ne pas proposer aussi des qualités d’eau plus adaptées aux sauvages ?
Car à ce jour, il me semble que les qualités d’eau proposée aux concurrents soient identiques, qu’il s’agisse de formes d’élevage ou sauvage… Cet aspect est à mon sens aussi très important.
Je ne pense pas que de la décoration améliore le bien être de ces poissons ; je me rappelle de l’édition 2010 de Duisburg ou les discus sauvages ne me paraissaient pas moins stressé qu’auparavant.
En discutant avec Frédéric Gobert (France) qui importe des discus sauvages, il m’évoquait aussi l’idée de placer des plantes flottantes du type Ceratophyllum qui sécuriseraient aussi les animaux.
De plus, il serait possible d’envisager un jour de plus d’acclimatation par rapport aux discus issus d’élevage. Ceci pourrait permettre aux sauvages d’être jugé plus tard et montrer leurs plus beaux atouts.
Il y a des choses à étudier, ici aussi je pense que les avis des experts du domaine seraient intéressants à entendre.
Juger les sauvages
Pour le jugement de ces discus, ici aussi la situation mériterait d’être étudiée de très près. Les systèmes d’évaluation ne semblent guère adaptés aux discus sauvages. On ne peut plus utiliser les mêmes critères d’évaluation et le poids des notes des divers critères évalués ne sont pas adaptés.
Comme pour les évaluations des discus hybrides, les systèmes de notations changent d’un concours à l’autre. Cette situation devient trop difficile pour ceux qui désirent participer aux compétitions.
Lors du World Discus Congress 2015 j’ai eu l’opportunité de prendre la parole à ce sujet. Mon avis est qu’il devient nécessaire de créer un standard définissant les critères recherchés chez les grands types de discus sauvages.
Ma petite contribution au World Discus Congress 2015
Outre les débats de nomenclature scientifique qui n’ont pas vraiment à entrer en ligne de compte ici, je pense que l’on pourrait dans un premier temps définir quatre grands standards.
Cela concernerait les discus dits « vert », « bleu », « bruns » et heckel. La répartition des notes sur chaque critère et leur coefficient pouvant changer d’un type de discus sauvage à l’autre.
De même, comme à ce jour il n’y a pas assez de participants pour créer quatre catégories distincts de discus sauvages ; il faudra à mon avis instituer un système clair pour former le trio de gagnants.
L’idéal serait d’avoir assez de participants pour former quatre catégories distinctes avec à chaque fois 3 podiums. (Comme c’était le cas au championnat du monde des discus de Duisburg).
Les concours ayant des difficultés à réunir beaucoup de participants, je pense qu’un système de notation différent selon le type de discus sauvage nous permettrait d’élire le meilleur brun, le meilleur vert, le meilleur bleu, le meilleur heckel (s’ils sont tous représentés…) et définir le trio de gagnant parmi ces meilleurs individus.
Il faudra sans doute accepter par exemple qu’un beau discus brun puisse par exemple devancer un discus bleu, en jugeant les types de poissons et non leur rareté.
C’est pourquoi un système de notation à coefficients, différant selon chaque type de discus sauvage serait à mon humble avis une bonne piste de travail.
Reste à se mettre d’accord…
Motiver les passionnés de sauvages
Cela m’amène à la qualification des juges, sujet soulevé lors du Congrès. Car tous ne sont pas les plus qualifié pour juger toutes les subtilités des discus sauvages.
Un standard aiderait je pense l’ensemble des jurys.
A mon avis, un système de notation clair associé par exemple à la présence d’un ou plusieurs juge(s) « référent sauvage » pourrait peut être amélioré les jugements rendus.
Ceci afin de faire évoluer l’ensemble des juges présents avec pour effet une amélioration de leurs connaissances au fil des concours.
Concernant le faible engouement des passionnés pour inscrire leurs discus sauvages, Jeffrey Tan proposait de rétablir un trophée « Best Wild in Show » qui pourrait devenir une source de motivation pour les participants.
Rob De Fouw gagnant du Best Wild Form à Duisburg 2004
Ce genre de trophée existait aussi à Duisburg (Allemagne). Ce genre de disposition suffirait elle à retrouver un nombre plus important de discus sauvages dans les discus show ?
Rien n’est sûr, mais les participants pourraient avoir plus de chance de remporter un trophée dans cette catégorie qui semble plus ouverte aux amateurs.
Même si les discus sauvages sont peu présents dans les aquariums des passionnés par rapport aux « discus modernes » ; les indéfectibles amoureux de ces poissons aspirent au changement.
Les pistes de travail évoquées ci-dessus me semblent cohérentes et pourraient donner un nouvel élan à l’engouement pour les sujets sauvages.
Je pense toutefois que l’ensemble des acteurs du domaine devrait rester plus ouvert et ne pas tomber dans une forme de conservatisme…
Les catégories dans les concours de discus
Le World Discus Congress 2015 est aussi l’occasion de débattre des catégories qui sont proposées aux participants du championnat du monde.
Les catégories proposées cette année au NaQ 2015 viennent des accords de discussions du précédent congrès (2013).
Pour une meilleure compréhension, je vous propose de (re)découvrir les neuf classes du championnat du monde 2015 :
1) Sauvage (Prélevé dans la nature ou issu de reproduction f1/f2)
2) Patron à diverses stries de base brun (Variantes chromatiques de turquoise et snakeskin)
3) Patron à diverses stries de base jaune (Variantes chromatiques de pigeon blood)
4) Bleu uni (Bleu diamant)
5) Rouge (Qui n’est pas appelé uni car la plupart des variétés de rouge ne le sont pas)
6) Jaune
7) Red spotted (Variétés à points de type léopard et léopard snakeskin)
8) Albinos à patrons ou unis (Tous les types d’albinos)
9) Inclassables
Pour la prochaine édition du Napoli Aquatica, les organisateurs auront une réflexion au sujet de la catégorie 2 « turquoise ».
Cette année, comme je vous le présentais lors du reportage sur le championnat du monde 2015 ; cette catégorie a accueilli le plus grand nombre de participants.
Cette catégorie pourraient être divisée en deux : les turquoises à stries horizontales, et les turquoises à autres types de patron (« checkerboard », « pearl », « tiger »…).
De même, la catégorie 6 « jaune » fût l’objet de débats car cette couleur peut être obtenue avec des poissons « programmé » génétiquement pour être rouge…
En leur donnant des pigments jaunes dans leur alimentation, ceux-ci changent de couleur.
Même si certains éleveurs s’accordent à dire que la couleur jaune existe génétiquement, la possibilité de changer radicalement la couleur d’un discus pour qu’ils deviennent jaune fait débat.
De plus, cette couleur est très peu présente dans les programmes d’élevage des éleveurs.
Cette catégorie existera t’elle encore pour le prochain championnat du monde ? Rien n’est garanti…
La catégorie « jaune » est elle réellement pertinente?
Personnellement, je pense que nous ne pouvons pas proposer un système trop strict. Pour qu’un système soit adapté par un grand nombre d’organisateurs de concours, celui-ci doit présenter un minimum de souplesse.
Je crois beaucoup à un système de catégorisation « en arborescence » basé sur un jugement par variété. (Je vous présenterais ceci un peu plus tard pour préparer la rencontre en avril à Arvert (France).
On peut à mon sens tout à fait imaginer ce système qui présenterait un grand nombre d’avantages.
Les organisateurs auraient l’opportunité de proposer des catégories représentatives et évoluant en fonction des inscriptions reçues (On ne peut jamais prédire les inscriptions).
Les jugements seraient plus justes et compréhensible de tous. Ceci laisserait à tous une chance de pouvoir trouver la catégorie la plus adapté à son poisson.
Ce système pourrait rester évolutif en fonction des nouvelles variétés sélectionnées par les éleveurs. Une nouvelle variété reconnue pourrait très facilement trouver sa place dans l’arborescence. Son acceptation serait discutée lors de congrès dédié à ce sujet.
Ce système signifierait aussi qu’un mode de jugement par variété soit envisagé avec en parallèle la création d’un standard.
Enfin, je pense que séparer la catégorie « inclassable » en deux serait une bonne chose. Il est trop subjectif de faire concourir des discus unis contre des discus à patrons. L’histoire montre que les polémiques naissent souvent de ce genre de situation (Qu’il s’agisse d’ailleurs des discus sauvages ou d’élevage).
Le Système d’évaluation des discus débattu au World Discus Congress
Il était prévu d’aborder ici le système de notation adopté par le Napoli Aquatica discus show.
L’espoir des organisateurs serait de pouvoir uniformiser le système de notation des divers concours à travers le monde.
Durant le congrès, c’est le système de notation du NaQ qui a été présenté et débattu.
Dans ce concours, les poissons sont évalués selon 8 critères. Le nombre de points maximum attribué est différent d’un critère à un autre. Le total des notes attribuées sur ces 8 critères donne une note maximale de 100 points.
Chaque juge rempli une grille de notation pour chaque poisson. C’est alors la moyenne des notes de tous les membres du jury qui déterminera la note finale de chaque poisson.
Feuille d’inscription pour le NaQ 2015
Voici les 8 critères pris en compte pour cette édition 2015 :
Impression générale = de 10 à 20 points (Ici : Taille du poisson, son activité, ses proportions, sa bonne santé etc.)
Forme du corps = de 1 à15 points
Nageoires = de 1 à 10 points
Tête et opercules = de 1 à 10 points
Écailles = de 1 à 10 points
Yeux = de 1 à 10 points
Couleur de base = de 1 à 15 points
Patron du corps = de 1 à 10 points
Ce système de notation aura soulevé plusieurs discussions.
L’impression générale : critère trop subjectif ?
L’impression générale fût dans l’ensemble considérée comme un critère de notation trop subjectif. Son interprétation n’étant pas assez clairement définie.
Discussions autours de l’impression générale (Ici Antonello Greco Italie)
Effectivement, pour avoir jugé dans quelques concours, ce critère de notation n’est pas partout interprété de la même façon.
Il a été aussi souligné que ce critère récompense une première impression du poisson. Elle peut s’avérer bonne d’un point de vue général (Synonyme de bonne note) ; mais elle pourrait se retrouver en contradiction avec une analyse plus détaillée de l’animal.
L’interprétation de ce critère demande a être clarifié afin que les juges évaluent tous la même chose.
Pour mettre en relief l’importance de ce critère, Il faut souligner qu’il peut tout de même rapporter jusque 20 points (Note la plus haute pouvant être attribuée sur un critère).
Sur ce critère, nos amis espagnols notaient aussi qu’il n’était pas logique d’attribuer une note de 10 à 20 points.
La note la plus basse rapportant tout de même 10 points, ils auront souligné ici un manque de logique qui pourrait être amélioré.
A propos des concours en Asie, Jeffrey Tan expliquait que le critère de taille était noté comme un critère à part entière et que les points accordés à « l’impression générale » n’était pas aussi élevé que sur le championnat du NaQ 2015.
Il expliquait aussi qu’en Malaisie depuis 2006, l’ensemble des critères de notation étaient tous noté de la même façon (Par exemple de 0 à 10). Mais un coefficient s’applique et permet ainsi d’attribuer plus de points d’un critère à l’autre.
Pour avoir utilisé plusieurs types de jugement, je pense que ces notations à coefficients sont une excellente solution. Il est plus facile de juger un critère de 0 à 10 et d’ensuite lui appliquer un coefficient. Les outils informatiques le font très bien, et c’est d’ailleurs ce système qui est aussi utilisé lors du France Discus Show d’Arvert.
Jeffrey Tan aura évoqué aussi ces sujets. Le nombre de juges participants devrait être selon lui augmenté. Passer à 7 voir 8 juges lui semble être le mieux même s’il est conscient des frais supplémentaires engendré pour les organisateurs. (Défraiement, logement etc.)
De plus il a proposé d’intégrer au futur NaQ (2017 ?) l’élimination des notes les plus hautes et plus basses données par les membres du jury. Ceci afin de garantir qu’aucun juge ne cherche à favoriser ou défavoriser un poisson.
En France ceci a été aussi évoqué lors des derniers concours nationaux de 2014 et 2015.
A mon avis…
Ce sujet est très important et les critères de notations devraient être connus des participants avant que la compétition n’est lieu.
L’univers des concours a besoin de clarté et l’avenir des compétitions doit tendre vers une harmonisation du système de notation. (Européen, et/ou Asiatique dans un premier temps car c’est ici que la majeur partie des compétions ont lieu)
Ne pas améliorer cela reviendrait à continuer d’inviter des participants à jouer un match de football sans qu’ils n’en connaissent les règles !
Ce sujet implique fortement les organisateurs qui ont des impératifs d’organisation, de timing à respecter etc.
Mais Je pense que nous devons en priorité nous mettre au service de la qualité de l’arbitrage (Du jugement) et de l’encadrement de la catégorisation des concours.
Les organisateurs de manifestations devront ensuite s’adapter à cela. Mais qu’ils soient organisateurs ou participants, un règlement juste et transparent ne peut que tirer le hobby vers le haut.
Ainsi, je pense que le système de notation doit être précis et contenir un minimum de critères de jugement. Les notes devraient être connue du publique comme on a pu le voir sur le France Discus Show d’Arvert en 2014.
Notes publiques lors du France Discus Show 2014
Le gros travail de David Delgoulet et l’association SODA
La publication des notes limiterait grandement les contestations (Car elles expliqueraient le classement), permettrait aux éleveurs de mieux progresser sur leurs lacunes et responsabiliserait encore plus les juges.
De même lorsque vous avez des poissons de grande qualité à juger ; ceux-ci se départagent par des détails. Plus les critères sont précis et nombreux et plus il est facile d’expliquer les résultats.
Une évaluation faite sur une faible quantité de critères peut induire à mon avis des erreurs de jugement.
Six critères de jugement me paraissent être un minimum pour pouvoir départager des poissons de haut niveau.
A titre d’exemple, Jeffrey Tan (Malaisie) a élaboré un système de notation comprenant neuf points d’évaluation soumis à des coefficients. Celui-ci est d’ailleurs utilisé dans plusieurs pays d’Asie.
Durant le World Discus Congress j’ai proposé une nouvelle interprétation du critère « Impression générale ».
Il serait à mon avis intéressant de traduire ce critère en « Attractivité ». L’impression générale récompenserait ainsi les poissons en bonne santé, qui ont un bon comportement, qui ne se cache pas au fond de leur aquarium et qui finalement, facilite le jugement.
Cela récompenserait concrètement l’éleveur qui aurait forcément passé du temps avec son poisson pour le préparer au concours, qui aurait assuré une bonne contention avant et après le transport sur le lieu de la compétition. Ce serait un éleveur qui aura fait une bonne acclimatation de son animal.
C’est pour moi faire évoluer le critère « Impression générale » vers quelque chose de concret, facilement mesurable, et qui va aussi dans le sens du respect de l’animal.
Faire évoluer ce critère, c’est à mon sens en finir avec l’aspect flou et subjectif de cette note.
Défauts physiques pénalisés ?
Lister les défauts physiques qui peuvent être observés par les juges me parait aussi être envisageable.
Un inventaire des défauts physiques pourrait être crée et régulièrement actualisé afin d’intégrer cela au système de notation.
Il m’est en effet arrivé de rencontrer des défauts physiques qui pouvaient difficilement être pénalisés dans un des critères proposé à l’évaluation.
C’est le cas par exemple des défauts d’écailles, de double menton, d’asymétrie du corps, d’excroissance d’opercules, de scoliose etc.
Ainsi, pourrait être décidé l’ensemble des défauts susceptibles d’être sanctionnés d’une quantité de points défini au préalable.
Jeffrey Tan a intégré cette notion de pénalité dans son système de notation. Par contre cela ne concerne qu’une pénalité liée à un signe de coloration artificielle du poisson.
Vous l’aurez compris, je pense qu’il faut aller peut être plus loin.
Serait il envisageable de pénaliser certains défauts physiques? (Ici double menton)
Un système d’évaluation minimum ?
Le système de notation devrait à mon avis évaluer au minimum ces critères :
1) Impression Générale : Comme je l’argumentais plus haut dans cet article = attractivité
2) Forme du poisson : En listant les formes acceptées
3) Nageoires : symétrie, taille, absence de défaut dans les rayons etc.
4) Yeux : Couleur, Forme, taille par rapport au corps
5) Couleur : Avec une note scindé en deux pour les poissons à patron (couleur de surface et couleur de fond, contraste entre les deux)
6) Patron : Uniformité de la couleur « unie » ou uniformité du dessin sur un discus « à patron ».
7) Pénalités : Points retirés pour défauts physiques
D’autres critères pourraient être ajoutés sans problème. Comme je vous le disais, plus ils sont nombreux et plus le jugement sera juste. Mais il faut intégrer tout de même l’impératif de temps nécessaire pour juger les poissons.
A chacun de ces six critères devrait être associé des coefficients qui auront une très grande importance sur le message envoyé aux participants.
Que devons nous privilégier ? La forme ? La couleur ? L’impression générale ?
Encore des questions qui mériteraient d’être débattues…
A ce sujet, l’association française SODA a accepté que l’on profite du prochain France Discus Show d’Arvert 2016 pour se réunir et débattre sur ces sujets.
Il reste encore à s’organiser, mais un Congrès Français du Discus devrait donc être prévu en Avril 2016.
Je pense que cela mérite d’être préparé car nous devons profiter de ces moments pour faire avancer les choses. Ce congrès serait aussi ouvert aux étrangers qui voudraient faire entendre leur opinion. Certains sont d’ors et déjà prêt à nous rejoindre…
Je souhaiterais aussi que l’on évoque la création d’une Fédération Française du Discus capable de nous unir autours de ces sujets ô combien importants.
Cette Fédération pourrait être le trait d’union entre les diverses associations de passionnés, et les amateurs désireux de faire progresser notre hobby et les compétitions.
Une World Discus Federation?
Comme vous venez de le voir, le nombre de questions soulevées lors de ce World Discus Congress 2015 sont nombreuses…
Le juge international Cüneyt Birol (Turquie) résume alors très bien la situation. Le monde du discus à besoin de prendre des décisions et le besoin d’une autorité se fait sentir.
Créer une fédération mondiale permettrait d’améliorer les concours, de faire progresser les éleveurs et de créer un standard.
Cette fédération serait composée d’organisateurs de concours, de Société de Discus officielle, de personnalités.
Il faudrait pour cela se servir du support d’une association officielle d’un pays pour accueillir cette Fédération. La problématique serait tout de même d’ordre administratif et juridique car l’objectif serait qu’elle soit reconnue officiellement.
Manfred Göbel soulevait aussi le manque d’organisation dans chaque pays. Car il est vrai que de nombreux pays possèdent de petites associations éparpillées et peu connectées les unes aux autres…
Quoi qu’il en soit, l’idée est lancée et le projet est déjà bien avancé. De la volonté d’avancer ensemble naîtra cette Fédération mondiale.
Les idées sont les bienvenues et n’hésitez pas à entrer en contact avec Cüneyt Birol ou Jeffrey Tan à ce sujet.
Poster du NaQ 2015
Rendez vous désormais en 2016 France à Arvert pour le congrès français
Voila, le débriefing de ce 4ème World Discus Congress 2015 touche à sa fin. J’espère avoir été assez clair dans la retranscription des discussions et mon humble avis donné sur les réflexions que je vous ai présenté ici.
Ces sujets peuvent être parfois rébarbatifs mais ils sont au cœur des problématiques actuelles.
Je pense que le développement de notre hobby nécessite que l’on passe par ces étapes cruciales.
C’est en mettant les égos de côté ; en restant ouvert aux débats tout en gardant la volonté de progresser que nous aboutirons à la structuration des compétitions de discus.
Il nous faut maintenant commencer à agir concrètement!!!
Cette page reste libre aux idées constructives, aux questions de chacun. Pour cela n’hésitez pas à poster vos commentaires ci-dessous.
Yann Hoiret
Fanatik-discus.com
2 commentaires
Pour qu’un système de notation soit réellement représentatif, il faudrait des critères de notation et un standard par catégories.
Idem pour les sauvages, cela parait compliqué. Comment comparer un alenquer ou santarem avec un royal bleu? Un heckel et un vert, le vert ayant généralement une forme naturelle beaucoup plus ovale, le heckel avec les yeux rouges vif?
Comment classer et comparer un nahmunda blue moon et un Heckel rio negro. Est-ce que le standard doit être l’individu représentatif de l’espèce ou un individu exceptionnel?
Pas mieux pour les discus d’élevage le cobalt parfois proche du blue diamond est jugé avec les turquoises. Il y aura toujours des sujets intermédiaires. Avec un nombre de chromosomes très élevé, le discus est sujet à des nombreuses modifications du patron de coloration.
Il y a un critère rarement pris en compte, c’est l’originalité de l’individu qui n’est pas dû au hasard mais au travail de l’éleveur.
Lorsque l’on désire une notation très représentative, dans d’autres domaines, il y a obligatoirement une formation avec une harmonisation entre jurés qui sont agréer national ou international, c’est peut-être aussi une solution.
Peut-être aussi qu’une acclimatation un peu plus longue (au moins une nuit) permettrais un jugement plus juste entre ceux qui ont voyagé pendant 10 ou 12h ou plus et ceux qui n’ont fait que 2h de transport.
Désolé, j’ai été un peu long.
Bonjour Dominique,
En ce qui concerne le standard, pour les hybrides, je pense qu’il faut plutôt en créer un par variété. (Plus précis que un par catégorie) Les jugements seraient plus justes. Mais pour cela, il faut aussi établir une catégorisation claire. (Je devrais en publier une d’ici peu de temps)
Pour les sauvages aussi, je pense comme je l’expliquai dans l’article qu’il en faudrait au moins 4 (Un par type de sauvage) pour commencer.
Comme il n’y a pas assez de participants en « sauvages », les organisateurs sont obligé de les faire concourir tous ensemble…
L’idéal serait d’avoir 4 catégories de sauvages c’est vrai…
Pour ton exemple sur les cobalts, je pense que ma proposition de catégorisation répondra à cette problématique. 😉
Pour les hybrides, le jugement devrait se faire par variété (reconnue fixée). Reste à se mettre d’accord sur les variétés établies (Comme le font les passionnés de canaris par exemple…) lors de congrès. D’où aussi mon idée de « Fédération française » qui au niveau national nous permettrait d’en débattre et de statuer…
100% d’accord avec toi Dominique sur la formation des juges. C’est une des idées que nous ne devons pas mettre de côté.
Pour l’acclimatation, comme je le disais aussi dans l’article, je trouverais ça bien de laisser 1 jour de plus d’acclimatation pour les sauvages.
Après, c’est aux organisateurs de concours de s’organiser. (Il me semble qu’à Arvert, en Avril il y aura une évolution aussi à ce sujet).
Entre nous, il y en a des éleveurs qui acclimatent plutôt bien leurs poissons et qui n’ont pas besoin de plus de temps pour avoir de bons résultats.
PS: J’adore quand tu es long Dodo!!! 🙂
Yann